En s’imposant face au Canada (6-10), l’équipe de France masculine de water-polo s’est positionnée pour la 13e ou la 14e place des championnats du monde de Budapest. Une rencontre que les tricolores disputeront mardi 25 juillet face aux Etats-Unis. Un match qui marquera surtout la fin de carrière du Marseillais Thibaut Simon qui vit en Hongrie son ultime aventure en bleu. Nous l’avons rencontré.
Enfin, une victoire…
Oui, c’est bien, on s’en sort bien ! On ne joue pas forcément très bien, mais on gagne, c’est l’essentiel. Une première victoire en championnat du monde, on espérait la décrocher plus tôt, mais bon…
Peut-on dire que vous vous êtes pris les « pieds dans le tapis » contre l’Australie (10-11) ?
C’est ça et c’est dommage !
Qu’entends-tu exactement quand tu dis que vous ne jouez pas très bien ?
Notre jeu manque de fluidité. La défense était plutôt bonne sur la fin de match, Rémi (Saudadier) nous a fait beaucoup bien à la fin, mais notre début de rencontre a été plus compliqué. Nous avons eu du mal à trouver une bonne cohésion collective. C’est un peu notre problème, cette saison, on a du mal à se trouver tous ensemble, à jouer la même symphonie.
Rémi Saudadier (Deepbluemedia).
Il manque des joueurs importants (Enzo Khasz et Romain Blary notamment), mais comment expliques-tu ce manque de fluidité ?
Des excuses, on peut toujours en trouver. Alors bien sûr il manque des joueurs et puis le coach a changé, mais nous ne sommes pas seuls dans ce cas-là. Toutes les formations engagées aux championnats du monde sont confrontées à des obstacles. Il faut faire avec, c’est aussi ça le haut niveau. Malgré tout, tout se passe très bien entre nous. L’ambiance dans le groupe est bonne.
Ressens-tu un « effet olympique » ?
Le groupe a pris de l’épaisseur, c’est certain. Déjà, nous participons aux championnats du monde, ce qui n’était plus arrivé depuis des années. Et puis nos matchs sont diffusés sur Canal +. Si on m’avait dit ça il y a cinq ans, je n’y aurais pas cru (sourire)… Je note aussi la présence de supporters. D’ordinaire, ce sont nos proches, mais là, il y a des gens qu’on ne connaît pas qui brandissent des drapeaux tricolores dans les tribunes.
(Thibaut Simon (n°6) avec ses partenaires de l'équipe de France avant la rencontre contre le Hongrie disputée le vendredi 21 juillet à Budapest Deepbluemedia).
C’est bien le signe que le water-polo français a franchi un cap.
Oui, c’est le résultat d’un gros travail de promotion. Certains clubs en tirent profit, d’autres moins. On voit aussi un vainqueur de la Ligue des champions revenir en France (Ugo Crousillat). C’est bien le signe que notre championnat est attractif car il aurait pu viser d’autres clubs avec de plus grandes ambitions européennes.
A titre personnel, tu vis à Budapest ta dernière aventure sous le bonnet tricolore. Dans quel état d’esprit abordes-tu cette fin de carrière ?
Il n’y a pas encore d’émotions, mais on verra à la fin du dernier match, peut-être que ça me rattrapera (sourire)… J’en ai parlé avec la synchro Laura Augé qui a vécu, elle-aussi, sa dernière compétition en équipe de France à Budapest. Etrangement, ça m’a fait quelque chose. Je me suis dit que dans quelques jours ça allait être mon tour de tirer ma révérence.
Est-ce difficile à gérer ?
Oui et non, disons que c’est une fin de carrière, une page qui se tourne (il s’interrompt)… Non, pas une page qui se tourne, je n’aime pas cette expression, je préfère dire que mon chemin change de direction. D’un côté, c’est un soulagement, mais d’un autre, il y a aussi des regrets ! Quel plaisir d’évoluer dans ce groupe et de participer à ce genre de rendez-vous. Jouer devant les Hongrois dans une piscine pleine de supporters, c’est une sacrée expérience (sourire)… Je me suis entraîné toute ma carrière pour disputer des matchs comme celui-là !
(Deepbluemedia)
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Je vais entraîner une équipe de jeunes à Marseille. Ça fait onze ans que je suis au club, c’est un peu chez moi (sourire)… Je veux continuer à travailler au plus haut niveau et contribuer au développement du water-polo français. J’aimerais autant que possible ne pas être un des treize derniers Français à avoir pris part aux Jeux Olympiques.
C’est important de transmettre un héritage.
Faire les choses une fois, c’est bien, mais les réitérer, c’est mieux ! Il est toujours plus difficile de perdurer. Faire les Jeux, c’est difficile, mais y retourner, c’est encore plus dur. Il faut viser les Jeux de Tokyo et ceux de Paris, si nous avons les Jeux. Le haut niveau, c’est tout le temps, pas seulement de temps en temps ! Aujourd’hui, c’est ce qui nous fait un peu défaut. On peut gagner un match, mais performer tous les deux jours, c’est plus délicat !
Recueilli à Budapest par A. C.
CANADA-FRANCE : 6-10 (4-3, 1-2, 1-2, 0-3)
France : Garsau, Saudadier, Kovacevic (1), Piot, Dino (1), Simon (1), Crousillat (3), Izdinsky, Marzouki (3), Laversanne, Peisson (1), Camarasa, Fontani.