Entraîneur au pôle France de Strasbourg, Alexis Coquet était forcément déçu par la première journée de compétition et l’élimination de Matthieu Rosset à 1 mètre. Mais il souhaite désormais se projeter sur la suite de la compétition avec espoir et ambition.
Comment analyses-tu la performance de Matthieu à 1 mètre ?
Matthieu était prêt pour cette compétition. Nous avons réalisé un très bon stage à Barcelone qui nous a permis d’arriver à Budapest en confiance. Son début de concours à 1 mètre est bon. Il est dans le top 3 à mi-parcours et était vraiment dans le coup pour décrocher son billet pour la finale. Mais en plongeon, tout va très vite, surtout avec 51 participants et un plongeon toutes les trente minutes. Il a abîmé son avant-dernier plongeon, s’est retrouvé dans le ventre mou et manque également son dernier plongeon. C’est une grosse déception parce que nous visions un top 6.
D’autant qu’il venait de décrocher une médaille de bronze encourageante aux Euro de Kiev mi-juin.
Nous savions qu’il avait encore une marge de progression par rapport aux Euro de Kiev, mais le niveau aux championnats du monde est très élevé. C’est pour cette raison que sa série à Budapest était plus difficile que celle de Kiev. Finalement, ça n’a pas payé, mais on se devait de prendre ce risque là pour ne rien regretter.
Quels sont ses objectifs pour la suite de la compétition ?
L’objectif sera d’élever le niveau, mais il est prêt. Il va surtout devoir se concentrer et être fort psychologiquement sur un concours à 3 mètres avec 59 participants, ce qui est énorme et quasiment du jamais vu sur des championnats du monde. Il va falloir gérer son stress pour simplement plonger à son niveau sans chercher l’exploit. S’il y arrive, il sera en demi-finale. Mais nous prenons événement par événement en essayant de grappiller un maximum de places à chaque fois. Bien évidemment, l’objectif est d’atteindre la finale, mais il ne faut pas reproduire l’erreur du 1 mètre et se focaliser uniquement sur les éliminatoires sans penser à la suite de la compétition.
Tu entraînes désormais Laura Marino à Strasbourg. Retrouve-t-elle l’envie de plonger après son année compliquée ?
J’ai récupéré Laura au mois de janvier et nous avons mis l’accent sur son projet scolaire puisqu’elle est en dernière année d’école de kiné tout en essayant qu’elle retrouve goût au plongeon. Les Mondiaux de Budapest n’étaient même pas un objectif. Je souhaitais vraiment qu’elle prenne du plaisir sans la pression du résultat. La reconstruction est en marche, même si elle n’évolue pas encore à son meilleur niveau. Elle s’éclate tous les jours, a envie de travailler et demande énormément de conseils pour progresser.
Alexis Coquet, ici à droite, durant le concours de Matthieu Rosset à 1 mètre, le 14 juillet à Budapest (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
L’équipe de France semble armée pour décrocher des médailles. Que penses-tu de ce groupe ?
Nous disposons d’une équipe très performante cette année. Sur les quatre membres qui la compose, trois ont été champions d’Europe à Kiev au mois de juin. Au niveau de la confiance, il est difficile d’arriver dans de meilleures conditions. Le stage de Barcelone nous a mis également dans des conditions optimales et tous les plongeurs sont prêts pour réaliser de grandes performances et remplir chacun leurs objectifs.
Le statut de l’équipe de France a-t-il changé ?
Désormais, des entraîneurs étrangers viennent chercher des informations chez nous, ce qui n’arrivait pas il y a dix ans. Nous disposons de trois individualités (Laura, Benjamin et Matthieu), qui sont hors-normes et les entraîneurs du monde entier rêveraient de disposer d’un tel vivier. Ce qui va faire la différence, c’est la manière dont nous les accompagnons et dont nous arrivons à tirer profit de leur talent. Je pense que nous pouvons aller encore plus loin à ce niveau-là. Mais c’est évident que notre statut à changer et il convient de le gérer au mieux.
Que manque-t-il alors pour monter sur un podium aux championnats du monde ?
Je pense clairement qu’avec les athlètes que nous avons, ce qu’il manque pour décrocher des médailles aux Mondiaux ou aux JO, c’est davantage de moyen mis en œuvre pour le développement du plongeon. À Paris, ils doivent faire des aller-retour pour changer de piscine et pouvoir plonger à 10 mètres. À Strasbourg, nous partageons nos structures avec la natation synchronisée et la natation scolaire. Ce sont des petits détails que nous devons gérer au quotidien et qui nous font perdre du temps dans notre préparation.
Recueilli par J. C. à Budapest