Face au nombre de réactions provoquées par la publication le lundi 11 mai de l’article « Un premier pas » relatant la fin du confinement et l’ouverture des piscines pour les athlètes de haut niveau, le DTN Julien Issoulié a accepté de rentrer dans le détail du déconfinement aquatique.
Pour commencer, pouvez-vous nous rappeler le cadre que pose le décret promulgué par le Premier ministre (lundi 11 mai) ?
Il faut d’abord rappeler que tous les établissements aquatiques ont été fermés en mars dernier par décret ministériel. Le lundi 11 mai, le Premier ministre a promulgué un nouveau décret autorisant une dérogation d’ouverture des piscines pour la pratique des activités aquatiques dans le cadre de la reprise des activités scolaires et pour les sportifs de haut niveau listés. Ainsi les sportifs Elite, Senior, Relève, collectif nationaux et espoirs rentrent dans cette dérogation. Pour autant, les piscines resteront fermées jusqu’au 2 juin minimum pour les autres licenciés mais aussi pour l’ensemble des pratiquants.
Que se passera-t-il à compter du 2 juin ?
On sait aujourd’hui que c’est la date limite de l’application des règles actuelles. Il appartiendra alors aux préfets et aux municipalités de se mettre d’accord pour décider de l’ouverture ou non des établissements aquatiques. La Fédération Française de Natation n’aura pas son mot à dire, si ce n’est de valoriser les expériences que nous aurons eu avec la reprise de nos sportifs listés. Par ailleurs nous travaillons sur la publication des règles élémentaires de sécurité, l’importance de faire une visite médicale avant la reprise de l’activité physique et l’importance de l’application des gestes barrière pour limiter la propagation du virus. Cela ne signifie pour autant pas que nous ne sommes pas impliqués dans les réflexions en cours concernant la réouverture des piscines. Il va de soi que la Fédération Française de Natation souhaite une réouverture rapide, mais pas à n’importe quel prix ni dans n’importe quelle condition. Mais encore une fois, la Fédération Française de Natation n’a pas le pouvoir d’imposer une réouverture des piscines, elle peut juste proposer un accompagnement aux collectivités.
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Que répondez-vous aux licenciés qui se demandent pourquoi les piscines restent fermées alors que d’autres installations sportives sont de nouveau accessibles aux pratiquants.
Je réponds qu’un décret ministériel interdit l’ouverture des piscines jusqu’au 2 juin. Comme je viens de l’expliquer, le Premier ministre a accordé une dérogation aux athlètes de haut niveau. Avec la Ministre nous voyons bien l’importance pour les nageurs d’accéder à l’eau mais à ce jour les piscines doivent malheureusement rester fermées. La majorité des pratiquants vont donc devoir encore patienter. A la Fédération, nous avons réfléchi à une alternative et interrogé le ministère des Sports en ce qui concerne l’usage des plans d’eau. Nous avons fait des préconisations pour envisager une reprise, mais encore une fois, tant que les maires ne font pas une demande aux préfets, ce n’est pas de notre ressort. Ces démarches ne dépendent aucunement du bon vouloir ou de l’insistance de la Fédération Française de Natation. Cela ne relève tout simplement pas de notre champ de compétence. Notre rôle, si un élu nous sollicite, sera de l’accompagner dans une démarche de réouverture en veillant à ce que tous les principes de précaution soient respectés. Par ailleurs nous savons compter sur les clubs et l’ensemble des acteurs fédéraux locaux pour apporter leurs concours aux collectivités dans le cadre de la reprise des activités en ayant une parfaite connaissance des installations sportives qu’elles soient couvertes, découvertes ou en milieu naturel. Je suis convaincu que nos clubs doivent être plus sollicités par les pouvoirs publics car ils sont armés pour encadrer différents types de pratiquants, des plus jeunes au plus vieux, ils ont les connaissances pour l’apprentissage de la natation et la compétition. Il leur manque par contre souvent des créneaux et de l’espace dans les bassins pour prendre encore plus de place dans la vie de la cité et mieux répondre aux besoins de la population.
Que dîtes-vous aux parents et aux élèves qui s’interrogent sur une reprise de la natation dans le cadre des collèges et des lycées ?
Pour l’heure, les collèges et les lycées sont fermés. Ils vont rouvrir progressivement en fonction des zones vertes et rouges auxquelles ils appartiennent. L’éducation nationale nous a informé qu’ils projetaient de s’appuyer sur le tissu associatif sportif local pour favoriser le retour à l’école des élèves dans la cadre du projet 2S-2C (Sport, Santé, Culture, Civisme). Nous avons bien entendu proposé la Natation mais il a été demandé par l’éducation nationale que ce projet soit porté par les référents EPS des établissements de manière à être en cohérence avec leurs problématiques locales et du moment.
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Pouvez-vous, à présent, nous détailler le « protocole médical » auquel vous avez fait allusion dans votre interview « Un premier pas » publiée le lundi 11 mai sur notre site ?
Il s’agit d’une visite chez le médecin pour un examen clinique mais aussi tout un questionnaire pour s’assurer que les athlètes n’ont pas développé de symptômes du COVID-19. Le second point de ce protocole s’articule autour d’un questionnaire psychologique pour voir de quelle manière les nageurs ont vécu le confinement. Une fois le feu vert donné, les nageurs peuvent reprendre une pratique progressive de la Natation mais ils doivent comme tout un chacun porter un masque, disposer de gel hydroalcoolique, respecter les gestes barrières et la distanciation sociale.
Parmi les réactions qu’a suscité votre interview, on constate que beaucoup de lecteurs semblent croire que la FFN est « propriétaire » des piscines.
Il y a souvent une confusion à ce sujet. La FFN n’est pas propriétaire des établissements aquatiques, même pas des bassins de l’INSEP ou de Font-Romeu où s’entraînent pourtant des collectifs nationaux. La Fédération Française de Natation et ses clubs sont tributaires des mairies qui accordent dans certains cas des délégations de service public, c’est-à-dire qu’elles confient la gestion de leur bassin à une société privée. Nos clubs se retrouvent donc parfois dans une situation de concurrence sur une partie de leurs activités alors qu’ils disposent de toutes les compétences pour répondre aux besoins de tous les publics. De ce fait, si je devais résumer, notre travail est d’abord et avant tout celui d’une « institution ressource » pour accompagner nos clubs vers une augmentation de leur périmètre d’action. Nous disposons d’une expertise et d’un savoir-faire que nous mettons au service des licenciés et des pratiquants. Pour autant, ces-derniers ne doivent pas imaginer un seul instant que nous les oublions. C’est même tout l’inverse puisque depuis le début du confinement, nous nous employons à tout mettre en œuvre pour faciliter la réouverture des piscines tout en proposant des séances de préparation physique pour les nageurs. Par ailleurs nous allons aussi lancer un cycle de reprise avant que la majorité des amateurs de natation puissent en piscine ou ailleurs plonger, nager, jouer au polo ou faire la natation artistique.
Recueilli par Adrien Cadot