L'équipe de France de natation artistique a nagé hier après-midi (jeudi 10 juin) son ballet technique, la première des deux épreuves qualificatives aux Jeux olympiques de Tokyo. Pour rappel, c'est la moyenne du ballet d'équipe technique et ballet d'équipe libre (qui aura lieu aujourd'hui, vendredi 11 juin) qui déterminera le classement final.
La tension est montée progressivement cette semaine dans le bassin San Jordi de Barcelone jusqu'à atteindre son apogée hier à 15 heures avec le début des épreuves d'équipes techniques. Sur les six équipes en lice pour les trois places restantes, l'Espagne et l'Italie tirent leur épingle du jeu en obtenant des scores nettement supérieurs à ceux des autres nations (avec des notes de 90,55 et 90,79 points). À moins d'une catastrophe, les deux nations méditerranéennes enverront chacune leur équipe à Tokyo. Il ne reste donc qu'une place à prendre pour les Jeux de cet été. Et cela va se jouer entre les États-Unis, la France et la Grèce.
(Photo : Thomas Symonds)
Le premier entraînement de la journée démarre à 7h30 après un réveil musculaire au bord du bassin. Chaque pays a droit à deux heures d'entraînement aquatique et d'un passage en musique. Covid oblige, la piscine est découpée en morceaux virtuels et un ordre de circulation est établi afin d'éviter au maximum les rencontres. Dix heures, retour à l'hôtel pour mettre la « gélat » (la gélatine qui sert à tenir les cheveux et « coif » des nageuses, ndlr). Les filles sont détendues. Marie (Annequin), malgré son plâtre, aide ses coéquipières. C'est même plus facile pour enfoncer les pinces sans se faire mal et assurer la tenue du chignon. Chouchou (Laura Gonzalez) grimace lorsque Laure Obry (l'entraîneur) lui verse la gélatine chaude sur le crâne. « Je pleure de l'intérieur », livre-t-elle, mi sérieuse mi amusée.
(Photo : Thomas Symonds)
(Photo : Thomas Symonds)
Après le déjeuner, la navette vient récupérer les différentes équipes : direction la piscine. La tension est palpable au bord du bassin. Les athlètes, relâchées et souriantes jusque-là sont désormais en état de concentration maximale. Chaque pays est dans sa bulle, revisitant par visualisation les moindres gestes de sa chorégraphie répétée des centaines de fois déjà. L'installation par la fédération espagnole d'un jeu de lumières rougeâtres et bleutées sur les bords du bassin crée une atmosphère surréelle. La scène est prête. Les actrices peuvent entrer en jeu.
(Photo : Thomas Symonds)
(Photo : Thomas Symonds)
Les Françaises passent quatrième, après les Grecques et les Espagnoles, mais avant les Américaines. Elles livrent une prestation solide, une exécution rapide, puissante et technique. Pour autant, les Grecques les devancent avec une note de 87,39 points (contre 87,05 unités aux Tricolores). Les Américaines nagent remarquablement bien et terminent à quelques centièmes de l'équipe de France (86,85 points). « C'est la première fois que nous passons la barre des 87 points sur cette épreuve technique », indique Laura Tremble en sortant du bassin. Le combat continue.
(Photo : Liz Corman)
Il faut dire que cette équipe de France a énormément progressé depuis quelques mois. Elle a redoublé d'efforts aux entraînements à l'INSEP en augmentant sa charge de travail hebdomadaire, déjà extrêmement lourde. Sur le plan mental, la progression est également perceptible. Les Bleues évoluent en mode guerrier, entourées d'un staff passionné, impliqué et complice et elles bénéficient d'un soutien toujours plus grand auprès des autres nations. Une équipe intensément soudée et déterminée à mettre en œuvre tout ce qui est en leur pouvoir pour accéder à leur rêve olympique. Quel que soit le résultat de l'épreuve libre de cet après-midi (vendredi 11 juin), nul ne pourra douter que les naïades tricolores aient donné, jour après jour, mois après mois, le meilleur d'elles-mêmes.
A Barcelone, Thomas Symonds