Directrice de la piscine de Saint-Raphaël, la médaillée de bronze olympique avec le 4x200 m nage libre à Londres, Mylène Lazare, a pris la décision de fermer la structure dès le vendredi 13 mars. En congés maternité depuis le début du mois de mars, l’ancienne nageuse tricolore ne sait pas à quel moment la piscine pourra de nouveau accueillir du public et dans quels conditions cela pourra se faire. Elle sait simplement que rien ne sera comme avant et qu’une nouvelle organisation devra être mise en place pour limiter les risques de transmission du Covid-19.
Quand as-tu pris la décision de fermer la piscine ?
On a fermé dès le vendredi lorsqu’on a su que les rassemblements de plus de 100 personnes étaient interdits. On n’a pas souhaité compter les personnes à l’entrée et on savait de toute façon que des mesures plus strictes seraient prises par la suite. On a souhaité mettre tout le monde en sécurité le plus rapidement possible.
Savais-tu à ce moment-là que la situation allait perdurer ?
On avait vu comment ça s’était passé en Italie et on savait que ce n’était qu’une étape et que les lieux publics allaient logiquement devoir fermés. On a compris que c’était le début de quelque chose.
Comment cela s’est passé au niveau de la gestion humaine ?
Il y a deux entités fortes: le Saint-Raphaël Natation qui a son propre fonctionnement en tant qu’association et là effectivement, des décisions concernant la mise au chômage partiel vont devoir être prises. Et il y a les agents du stade nautique qui sont employés par la collectivité. Certains sont en gardes d’enfants et d’autres ont des missions d’ordre social. Ils sont au soutien des personnes dans le besoin. Saint-Raphaël est une ville qui compte beaucoup de personnes âgées et ces agents leur apportent des repas, prennent de leurs nouvelles par téléphone. Il y a tout un maillage social qui s’est mis en place à ce niveau-là. Même les maîtres-nageurs, agents d’accueil ou d’entretien sont amenés à participer à ces missions. Ça change de leur quotidien mais c’est quelque chose d’important aujourd’hui à Saint-Raphaël. Il y aura sûrement des modifications après le 11 mai, même si on ne sait pas exactement comment ça va se passer, mais pour l’instant la priorité est de prendre soin de nos personnes âgées.
En tant qu’ancienne nageuse de haut niveau, quel est selon toi le préjudice subit par les athlètes durant cette période d’arrêt ?
Avant de parler de préjudice, il faut bien comprendre que le plus important est que tout le monde soit en bonne santé et en sécurité. Mais c’est vrai que les sportifs qui préparent les Jeux ou une échéance internationale vont forcément souffrir de cet arrêt de pratique pendant deux mois. Je sais qu’ils travaillent beaucoup à sec et ça ne remplace pas le travail dans l’eau, mais le plus important est que chacun soit en sécurité. Ensuite, il faudra voir après le 11 mai, s’ils peuvent reprendre ou non leur activité.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
As-tu des informations sur une éventuelle date de réouverture de la piscine ?
On n’a aucune information pour l’instant. Je pense qu’actuellement il y a surtout une attente sur la manière dont les écoles vont rouvrir. On a simplement entendu dire que les lieux publics, dont nous faisons partis, pourraient de nouveau ouvrir mi-juillet.
On imagine qu’il y aura également des décisions à prendre concernant les adhérents et licenciés du club.
Le président du Saint-Raphaël Natation réfléchit actuellement à une solution pour pénaliser le moins possible les adhérents notamment à la rentrée prochaine, puisqu’il y a peu de chance que la saison actuelle reprenne. L’objectif est de ne pas pénaliser les adhérents sans pour autant mettre le club en difficultés. Je pense que les associations vont vraiment souffrir de cette période et il faut trouver le bon équilibre.
Comment l’association pourra-t-elle s’en remettre ?
En termes de recette, il va y avoir des pertes et au niveau des adhésions notamment sur le secteur forme, on risque de connaître un sacré manque à gagner. On ne sait pas encore quel sera le soutien du ministère des sports et je pense qu’on va avoir des réponses prochainement.
As-tu été touchée par les mesures de chômage partiel ?
J’ai un statut particulier et c’est sans doute une chance, je suis en congé maternité depuis début mars. J’ai pu tout de même être présente dans la gestion de crise parce que je n’avais pas encore accouché. Et puis ma fille a décidé de pointer le bout de son nez le 17 mars, premier jour du confinement. J’ai pris la décision de fermer la piscine le vendredi et j’ai accouché le mardi. Elle a entendu dire qu’on allait devoir rester à la maison et elle s’est dit que c’était peut-être le moment de sortir. Je ne suis donc pas soumise à ce genre de questionnement et quand je reprendrais le travail je pense et j’espère que la situation ce sera normalisée, même s’il est évident que les gestes barrières devront toujours être respectés. Il va falloir qu’on vive avec et qu’on montre l’exemple en tant que lieu public et agent territorial.
De quelle manière ?
Il y a certainement des mesures que l’on peut prendre, déjà la désinfection de toutes les parties communes. Dans l’eau, je pense que les risques sont moindres et l’OMS a indiqué dès le début de la crise que ce n’était pas un endroit où les bactéries se proliféraient. D’autant que sur le traitement de l’eau de notre bassin, je n’ai aucun doute et je fais entièrement confiance aux équipes. Par contre, on se doit de protéger les personnes qui sont à l’accueil, mais aussi toutes les personnes qui viennent à la piscine, en évitant les contacts physiques comme l’échange de monnaie. Il y aura forcément des mesures à prendre pour limiter les risques d’infection. On va attendre les directives gouvernementales et les décisions qui vont être prises au niveau de la collectivité.
Recueilli par Jonathan Cohen