A l’occasion de la dernière journée des championnats de France de Saint-Raphaël (22-27 mai), le directeur de la natation course, Richard Martinez, a accepté de dresser le bilan de la compétition.
Une nouvelle génération de nageurs a profité des championnats de France de Saint-Raphaël pour intégrer le collectif national. Compte-tenu du scepticisme qui entourait la relève, peut-on parler de « revanche » ?
Non, ce n’est pas l’idée. Je crois simplement que nos jeunes ont trouvé tout au long de cette semaine de championnat matière à s’émanciper et à exprimer un talent qui ne nous a jamais échappé. Ils nous ont offert le meilleur d’eux-mêmes. D’ailleurs, et je tiens à le souligner, j’ai été frappé par le caractère enjoué de ces championnats de France. J’ai vu des visages souriants, j’ai entendu des rires… La performance est profondément humaine et c’est bien là qu’il faut agir et tenter de trouver des réponses et des ressorts pour avancer.
On a, en effet, le sentiment qu’une grande partie des nageurs tricolores était complètement désinhibée cette semaine.
J’ai l’impression que tout le monde a trouvé sa place. On cherchait un commencement et il est peut-être là, dans cette sérénité teintée d’envie. Pour le reste, on verra, mais il semble que nous tenons là un bon début !
Doit-on comprendre qu’une partie des nageurs français arrive à maturité ?
Il me semble que c’est en effet le cas ! Le plus intéressant, c’est la capacité de nos athlètes à élever leur niveau et à se rebeller. Je pense que cela va permettre aux entraîneurs et aux techniciens de progresser.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Ce n’est pas la première fois que vous insistez sur cette notion de double échange.
La vérité ne préexiste pas, c’est celle que l’on est en mesure de trouver pour répondre à un problème qui s’impose. J’ajouterais qu’il n’y a pas qu’une seule vérité figée une fois pour toute. Trouver la bonne formule, c’est une chose, mais il faut ensuite la faire évoluer et ça passe aussi par des erreurs. L’erreur fait partie de toute apprentissage, qu’il s’agisse d’un entraîneur qui supervise des athlètes ou d’une direction technique.
Cette semaine, en l’occurrence, les choix de la direction technique nationale se sont non seulement avérés judicieux, mais également payants puisque pas moins de trente-trois nageurs se sont qualifiés pour les championnats d’Europe de Glasgow (3-12 août). Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas assisté à pareille émulation collective.
La première étape est atteinte, mais ça ne fait que commencer. Il reste encore plusieurs paliers à franchir et pas des moindres. Je pense notamment à ce qui attendra nos nageurs pour se qualifier aux championnats du monde l’année prochaine, puis aux Jeux Olympiques de Tokyo dans deux ans. Il y a encore un fossé à combler, mais comme ils viennent de le faire pour les championnats d’Europe de Glasgow, je suis certain qu’ils vont tous s’investir en se disant que c’est possible.
Vous semblez serein et confiant, presque optimiste.
Une phrase d’Edgar Morin me vient à l’esprit : « Oser espérer l’inespéré ». J’ai envie d’en faire ma devise parce que s’il est bon d’être dans l’anticipation, s’il est nécessaire de ‘s’il est nécessaire de s’organiser, il ne faut pas fermer la porte à quelque chose qui peut être contingent et savoir, si nécessaire, s’en servir pour avancer. L’anticipation, c’est une chose, mais je pense aussi qu’il est primordial de savoir réagir pour s’adapter à de nouvelles situations.
Recueilli par A. C. à Saint-Raphaël