Handicapé par une douleur à l’épaule qui l’a empêché de s’exprimer aux derniers championnats du monde de Gwangju (juillet 2019), Mehdy Metella a renoncé pour le même motif aux championnats d’Europe de Glasgow en petit bassin (4-8 décembre 2019). Le Guyanais de 27 ans a finalement été opéré avec succès le 6 janvier dernier avant d’entamer, dans la foulée, une convalescence de quatre à six mois qui devrait le priver d’une participation aux Jeux olympiques de Tokyo. Le DTN Julien Issoulié est malgré tout convaincu que l’équipe de France a les moyens de combler ce forfait.
Que vous inspire le forfait de Mehdy ?
Depuis l’année dernière, nous étions informés d’une blessure qui traînait. Nous savions qu’il passait par des hauts et des bas, mais que globalement, il souffrait lorsqu’il s’entraînait. Le staff marseillais a tenté, en fin d’année dernière, d’intensifier les séances de kinésithérapie active, mais face au peu de résultats, Mehdy a finalement décidé de se faire opérer.
Avez-vous réussi à le joindre depuis son opération ?
Je l’ai appelé dès le lendemain (mardi 7 janvier) pour prendre de ses nouvelles. Il n’était pas dans la forme de sa vie, mais avec les médicaments, la douleur était supportable. Il semblerait qu’outre sa blessure, l’opération ait révélé une rupture partielle d’un tendon. Ce n’était pas visible sur les premiers examens, mais cela a également été traitée. Je lui ai souhaité le meilleur pour sa convalescence, sans manquer de lui dire que j’allais passer le voir à Capbreton.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
C’est là-bas qu’il réalisera sa rééducation ?
Oui, c’est ce qu’il y a de mieux pour lui. C’est un endroit isolé dans lequel il n’y a que des athlètes de haut niveau. Il ne sera pas chez lui. Il évoluera dans un autre rythme et il sera suivi par des spécialistes. Je suis convaincu qu’il n’y a pas meilleur environnement pour bien entamer une convalescence.
C’est en tout cas un sacré coup dur pour l’équipe de France.
Nous avions fini l’année 2019 avec la blessure de Mathilde Cini à la cheville et l’opération de Damien Joly à l’oreille. Maintenant, c’est au tour de Mehdy de passer sur le billard. Au final, ça fait beaucoup de coups durs à encaisser. C’est inhérent au sport de haut niveau, mais quand même, on se serait bien passé de ces blessures pour aborder la préparation finale des JO de Tokyo.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Dans le cas spécifique de Mehdy, c’est aussi une grosse perte pour les relais 4x100 m nage libre et 4x100 m 4 nages.
Il est certain qu’avec un nageur de son talent on aurait été plus compétitif pour aborder l’enchaînement des séries et des finales. Pour autant, ce forfait ne va pas altérer la dynamique de l’équipe de France. Mehdy est un acteur essentiel du collectif national, mais dans la vie du groupe, c’est un garçon plutôt discret.
Cette absence ne peut-elle pas permettre à de jeunes nageurs de se révéler ?
L’absence de Mehdy va faire bouger les lignes. Peut-être, en effet, que des jeunes vont en profiter pour s’émanciper ; peut-être aussi que les nageurs des relais vont se transcender pour combler son forfait. Mehdy va nous manquer, mais il faudra faire sans lui. L’équipe de France a déjà performé en son absence lors des derniers championnats d’Europe de Glasgow en petit bassin et elle s’en est plutôt bien tirée, mais si, à terme, on pouvait combiner le talent de nos têtes d’affiche et celui de nos jeunes, ce serait un vrai moteur de performance.
Recueilli par Adrien Cadot