A la veille des championnats de France de Rennes (16-21 avril), nous avons rencontré le Directeur technique national, Julien Issoulié, pour évoquer les enjeux de l’échéance nationale, les Mondiaux de Gwangju (juillet 2019) ainsi que les Jeux Olympiques 2020 qui se disputeront dans un an et demi à Tokyo.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’heure d’aborder les championnats de France qualificatifs pour les Mondiaux de Gwangju ?
Je ressens un mélange d’excitation et d’appréhension. Les Jeux se rapprochent. Cela génère de l’envie, des attentes et pas mal d’émotions (sourire)… Nous allons enfin savoir où nous en sommes et, surtout, nous allons savoir ce qu’il faut corriger, améliorer ou intensifier dans la perspective des prochaines échéances internationales.
Avez-vous le sentiment que les forces vives de la natation tricolore ont les moyens de répondre présent et de se hisser au niveau de l’élite mondiale ?
C’est tout l’enjeu de cette compétition et, plus généralement, du sport de haut niveau. En ce qui me concerne, je suis certain que notre élite va répondre présent, mais de là à vous donner des noms ou un nombre de qualifiés pour les championnats du monde, je ne m’y risquerais pas...
Julien Issoulié (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Pendant la conférence de presse d’ouverture, Richard Martinez, directeur de la natation, a donné une fourchette : "Entre quinze et vingt qualifiés pour les championnats du monde". Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Tout dépend des états de forme des uns et des autres, de la gestion de la pression et de l’adversité. Il y a tellement d’éléments à prendre en compte. Malgré tout, j’ai confiance dans nos nageurs. Je connais leur engagement et leurs qualités. Et puis, l’année dernière, aux championnats de France de Saint-Raphaël, nous avons vu que des jeunes s’étaient mêlés à la bagarre pour la qualification aux Euro de Glasgow. Là, évidemment, le niveau est un cran au-dessus, mais rien ne dit que nous n’allons pas être surpris…
La question de la relève est - semble-t-il - résolue. On sait désormais que la natation tricolore dispose d’un vivier prometteur et intéressant (cf. numéro Spécial Relève Olympique). Il ne reste toutefois qu’un an et demi avant les Jeux de Tokyo. Ce délai sera-t-il suffisant pour que les jeunes bousculent la hiérarchie ?
L’année dernière, nous avons vu que la marche entre les championnats de France et les Euro de Glasgow n’était pas simple à franchir. Cette saison, elle sera encore plus haute. Personne ne prétendra le contraire. Mais c’est le cap à franchir pour espérer s’illustrer aux Mondiaux de Gwangju. Après, même si j’entends beaucoup dire que les championnats du monde seront une « répétition grandeur nature » des Jeux Olympiques, il restera quand même une année entière pour se préparer. C’est court et en même temps… Et puis, il est de notre devoir d’être ambitieux et confiant. Avec Richard (Martinez), nous avons la conviction que plusieurs jeunes nageurs sont à la limite des critères.
Mehdy Metella (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Vont-ils réussir à franchir ce dernier palier à Rennes ?
Je n’en ai aucune idée. Seule la compétition nous le dira.
L’an passé, à Glasgow, les filles s’étaient montrées très performantes. Les garçons, en revanche, n’affichent pas les mêmes résultats.
La dynamique n’est, en effet, pas la même. Les filles progressent. Pour les garçons, c’est plus fragile. Toutefois, je note le retour de Clément Mignon dans de très bonnes dispositions. Théo Bussière était blessé l’an passé, mais il a depuis retrouvé les bassins et il se montre de plus en performant. Et puis, Yohann Ndoye-Brouard (révélation des championnats de France 2018 en petit bassin à Montpellier, ndlr) s’est blessé cet hiver alors qu’il était en pleine ascension. Mais il n’est pas le seul. Plusieurs « gamins » sont aux portes de l’équipe de France. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne rejoignent leurs aînés car pour les voir travailler à l’entraînement, je peux vous dire qu’ils se donnent beaucoup de mal avec leurs entraîneurs.
Recueilli à Rennes par A. C.