Quand le numéro 971 a franchi la ligne d’arrivée du 1000 mètres de la Traversée du lac d’Annecy en 217ème position, cela aurait dû être dans l’anonymat quasi général. Sauf que… Gérard Mourou, puisque tel est le nom de cet alerte septuagénaire, n’est autre que le Prix Nobel de Physique 2018 ! Une participation pour le moins surprenante qui n’était cependant pas la première pour celui qui est né à quelques kilomètres du lac, dans la cité olympique d’Albertville. « Je fais la Traversée depuis 2012. Les premières fois, j’ai même participé au 2,4 kilomètres, mais l’âge venant, je me suis dit qu’il était plus raisonnable de me limiter au 1000 mètres. Surtout cette année où je n’ai quasiment pas pu m’entraîner avec les nombreuses sollicitations auxquelles j’ai dû répondre après le Prix », explique dans un sourire le spécialiste des impulsions optiques (laser). Normalement, Gérard Mourou fréquente tous les jours la piscine de l’Ecole Polytechnique, où il dirige le Laboratoire d’Optique Appliquée. « Une bonne demi-heure. J’ai besoin de ça. C’est très important pour mon équilibre mental. Quand je nage, je ne pense plus à grand-chose ».
Comme un champion, le prix Nobel de physique 2018, Gérard Mourou, répond aux sollicitations des médias à l’issue de septième Traversée du lac d’Annecy (JP Chafes).
C’est d’ailleurs dans le bassin de la prestigieuse institution que le scientifique a rencontré une certaine Roxana Maracineanu. « Elle donnait des cours de natation aux Polytechniciens ». Attentif aux conseils prodigués par la nouvelle Ministre des Sports, le Nobel respecte également la sportive de haut niveau qu’elle a été. « J’ai beaucoup d’admiration pour les champions, quel que soit le sport qu’ils pratiquent. Ils se fixent tout le temps des objectifs et je suis convaincu que c’est nécessaire pour avancer dans la vie ». D’ailleurs avant de rejoindre sa famille venue l’encourager, Gérard Mourou cherche à connaître son temps. 27’48’’72 ! C’est pas mal ? « Oui, mais j’essaie de progresser chaque fois et je vois plutôt que je régresse ». Pour une fois, le physicien s’est pourtant trompé dans ses calculs. Lors de la précédente édition, il avait en effet bouclé la distance en 28’21’’. Mais nul doute qu’on le retrouvera l’an prochain au départ de la Traversée du lac. Pour démontrer qu’on peut avoir la tête et les jambes !
A Annecy, Jean-Pierre Chafes