Avant de s’envoler pour l’étape de coupe de d’Europe d’Eilat qui se disputera en Israël le 8 mars prochain, Axel Reymond a fait une escale en Haute-Savoie pour prendre part à la seconde édition des championnats de France de nage hivernale organisée dans les eaux glaciales du lac aux Dames de Samoëns (4,6° C). Une première expérience de nage hivernale que le double champion du monde du 25 km a marqué de son empreinte en rafraîchissant le record de France (11’56’’60) et en s’approchant d’une seconde de la référence internationale (11’55’’40).
Axel, que retiens-tu de cette première expérience en eau glacée ?
C’était trop cool (sourire)… Autant le test que j’ai fait hier soir m’a un peu refroidi (le jeudi 27 février, Axel a nagé 100 mètres dans le bassin temporaire installé sur le lac aux Dames pour découvrir les conditions de course, ndlr), autant j’ai kiffé le 1 000 m d’aujourd’hui (vendredi 28 février).
Pourquoi alors avoir tenu à tester le bassin jeudi soir ?
Je voulais voir ce qui pouvait m’arriver de pire. J’ai compris que j’allais avoir mal aux mains et aux pieds, mais après, dans la course d’aujourd’hui, ça allait. Je n’ai pas été pris de court. J’ai eu mal aux extrémités, mais ça ne m’a pas déconcentré. Je voulais être prêt mentalement.
(FFN/Vincent Plassard)
De quelle manière as-tu construit ta course ?
Je suis parti doucement pour ne pas me prendre de « mur ». J’ai fait 100-150 mètres prudemment et quand je me suis senti bien, j’ai commencé à allonger ma nage et à accélérer. Aux 500 mètres, j’ai vu que j’étais bien et je me suis dit qu’il y aurait peut-être moyen de faire quelque chose (sourire)… Sauf que j’ai pris un coup à 700 mètres et puis après il m’a manqué une petite seconde pour prendre le record du monde.
Tu décris ta course avec une étonnante lucidité. Doit-on en déduire que tu étais parfaitement conscient pendant l’intégralité de ton 1 000 mètres, et cela en dépit d’une eau à 4,6° C ?
J’ai toujours été lucide…
Il n’y a donc pas de phases « d’hypnose » comme sur les 25 km que tu disputes en eau libre ?
Je me suis mis dans ma bulle dans la chambre d’appel. J’étais en état d’hypnose. C’est un truc que j’aime beaucoup (sourire)…
Pourquoi ?
Parce que je m’en vais (sourire)... Mon corps est là, mais mon esprit, lui, s’échappe. C’est ce que j’ai fait dans les premiers mètres cet après-midi. Et quand mon corps s’est habitué au froid, mon esprit a pu reprendre les commandes.
(FFN/Vincent Plassard)
Il te manque malgré tout une petite seconde (11’56’’60 contre 11’55’’40) pour t’approprier le record du monde.
Oui, ça se joue d’un rien, mais je reviendrai pour rogner cette seconde et dans pas trop longtemps si possible car, à mon avis, ce temps va descendre rapidement.
Comment as-tu découvert cette discipline ?
Mon pote Julien Zinsmeister a disputé les championnats du monde à Bled (Slovénie) début février. J’ai suivi sa compétition avec intérêt parce qu’il m’a dit que c’est un sport qui me plairait. Du coup, j’ai demandé à Magali (Mérino, son entraîneur) s’il était envisageable que j’essaie et comme le championnat de France de Samoëns tombait bien dans mon planning, je me suis dit qu’on allait tenter le coup.
(FFN/Vincent Plassard)
Le coup n’est pas passé loin. A une seconde près tu signais le nouveau record du monde de la spécialité. Quelle entrée en matière !
La nage hivernale est en plein essor. Il suffit de voir les efforts qui ont été déployés pour organiser ce championnat de France. Et puis, beaucoup de choses se murmurent en ce moment…
Comme quoi ?
On parle des Jeux olympiques d’hiver de 2026…
C’est un objectif ?
Je n’ai pas nagé à Samoëns pour prendre de l’avance, mais plutôt pour être prêt si la nage hivernale intègre le programme des Jeux d’hiver.
En tout cas, ta venue a suscité beaucoup d’intérêt, tant chez les nageurs que dans le public. As-tu ressenti cette attente ?
Non, j’étais complètement en dehors de tout ça ! J’avais juste envie d’être avec mes potes et de découvrir par la même occasion une nouvelle discipline. J’avais envie de vivre cette expérience à fond. J’ai testé et j’ai vraiment kiffé !
(FFN/Vincent Plassard)
Mais où est le plaisir ?
Dans l’eau (sourire)… J’ai eu la sensation d’être frigorifié, mais de pouvoir quand même nager à mon aise. J’avais froid, mais j’avais chaud dans ma tête. Le fait de se dépasser mentalement est fascinant. Bon, après la course, ça fait mal. Le réchauffement, c’est impressionnant. On m’avait prévenu, mais c’est quand même un truc de dingue. Tout mon corps tremblait (sourire)… Et puis après, on éprouve une incomparable sensation de bien-être.
Recueilli à Samoëns par Adrien Cadot