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En décrochant la huitième place olympique, l’Angevine Margaux Chrétien et l’Aixoise Laura Augé ont gagné leur pari : devancer les Etats-Unis et défendre leur « french touch »…

« A Rio, les filles venaient pour donner le meilleur d’elles-mêmes, elles ne venaient pas pour se battre contre telle ou telle nation. En revanche, elles avaient à cœur de ne pas se laisser dépasser par les Etats-Unis », souligne Julie Fabre, leur entraîneur. « Sur les trois jours de compétition, elles ont été remarquables, admirables : chapeau ! Aux vestiaires, elles ont su laisser leurs émotions négatives dues à la fatigue, à la pression énorme si particulière aux Jeux, dues au coude-à-coude, en finale, avec des Américaines les talonnant à deux dixièmes. Elles ont également su laisser de côté la tristesse liée au fait qu’elles vivaient leur dernier ballet pour se concentrer sur des émotions positives donnant de la puissance, du style, de la beauté, mettant le feu à leur duo… Oui, elles l’ont fait ! Et quelque part, elles l’ont gagnée leur médaille. Oui, cette huitième place confirmée sonne comme une médaille… ». 

LEUR DERNIER LIBRE

Oublier le reste du monde pour mieux se centrer sur le sien, avec un libre démarrant à petits pas alors que les autres plongent tambour battant. Oublier le reste du monde et ses codes pour affirmer les siens, pour donner le meilleur d’une passion aiguisée au fil de quinze saisons, au fil de sept heures dans l’eau par jour, cinq voire six jours sur sept. Oublier l’idée d’une bagarre contre le reste du monde, des Russes intouchables et des Japonaises bien huilées, pour mieux s’exprimer, se libérer, donner, offrir, partager : « Pour mieux se faire plaisir », insiste Julie Fabre. « Je n’ai pas arrêté de leur marteler qu’elles ne devaient surtout pas oublier de se faire plaisir. Ma confiance, elle l’avait. Il ne restait plus qu’à nager » et atteindre leur objectif : restées huitièmes comme aux championnats du monde de Kazan en 2015. « On l’a fait, on l’a fait ! », glisse entre deux sourires rétrécis par ses larmes, Margaux Chrétien. « En finale, comme les Américaines passaient cinquièmes juste avant nous, il fallait donner le meilleur de nous-mêmes. Et voilà, on l’a fait… on l’a fait ! On réalise le plus beau libre de toute notre carrière, la plus belle note (174,2491 points) pour notre dernier… notre dernier… ». Alors, les larmes effacent leurs sourires, diluent leur joie. Elles se prennent dans les bras, se serrent fort, très fort avec Julie Fabre au chœur de leur bonheur, et elles pleurent encore plus fort. Et en chœur elles reprennent avec un sourire : « Oui, notre dernier libre, le meilleur de tous les temps mais nous avons bossé comme des malades pour vous l’offrir. Nous ne voulions rater notre fin… notre fin ». Les larmes reviennent. Elles s’étreignent. Pleurent de joie ou de se quitter ou les deux ? Dans leur dos, les autres nations défilent dans l’eau. Elles, dans leur monde pleurent, heureuses et tristes.

UN MONDE QU’ELLES QUITTENT

Malheureusement cette belle huitième place ne les fera pas rester dans le monde de la compétition. En chœur, comme dans l’eau, le duo tricolore va « bifurquer ». La plus sûre de son arrêt, Margaux Chrétien, l’explique sans détour : « Pour accéder à un podium international il faudrait des années et des années de travail en mettant les bouchées doubles, triples même, alors nous préférons arrêter sur une belle note marquant dans le marbre l’histoire de notre « synchro ». A titre personnel, je vais poursuivre ma passion en devenant entraîneur (…) Quand nous sommes arrivées au village olympique, quand nous avons expliqué aux autres athlètes que nous venions, entre guillemets, juste pour une huitième place, ils n’ont pas compris dans quel monde nous évoluions. Ils trouvaient ingrat d’additionner autant d’heures d’entraînement pour pouvoir grappiller les places dans le classement, une par une de saison en saison. Ils ne comprenaient pas autant d’investissement pour si peu de retours. Mais Laura et moi sommes passionnées et nous voulions montrer le meilleur de notre travail pour donner envie aux générations futures de venir découvrir notre monde et reprendre, sait-on jamais, notre flambeau ».

A Rio, Sophie Greuil

 

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