De retour des championnats du monde de nage hivernale de Bled (Slovénie) auréolé de trois médailles d’or (200, 450 et 1000 m nage libre dans sa catégorie d’âge), le Francilien Julien Zinsmeister a confirmé ses prédispositions pour l’eau glacée lors de la seconde édition des championnats de France de la spécialité disputés dans les eaux glacées (4,6° C) du lac aux Dames de Samoëns.
Dans quel état d’esprit as-tu abordé ce second championnat de France de nager hivernale ?
Comparé à l’année dernière, c’est totalement différent ! A Vichy, je voulais avant tout travailler ma résistance au froid pour l’eau libre. C’était ma première fois dans une eau à moins de 10° C, mais comme tout s’est bien passé, je me suis inscrit aux championnats du monde de Bled, cette année, qui était mon principal objectif de la saison. Samoëns, c’était davantage une manière de boucler la boucle et de retrouver les nageurs qui étaient en Slovénie début février.
Une manière aussi de retrouver « ton pote » Axel Reymond et de l’initier à cette pratique en eau glacée aussi insolite qu’extrême.
Axel, je le connais depuis des années. Il a commencé à côté de chez moi, à Savigny-le-Temple, tandis que je suis originaire de Meaux. C’est vraiment sympa de se retrouver tous les deux lors de cette seconde édition des championnats de France (sourire)…
(FFN/Vincent Plassard)
A la base, qu’est-ce qui t’a séduit dans ce sport en voie de développement ?
L’année dernière, j’ai beaucoup aimé les sensations que l’on ressent après la course, cette douce euphorie qui envahit l’organisme. Il faut le vivre pour apprécier. Et puis, il y a le challenge : nager 1 000 mètres dans une eau à moins de 5° C, ce n’est quand même pas rien (sourire)…
La notion de défi est importante, mais on s’aperçoit que les références chronométriques commencent à intéresser bon nombre de nageurs.
On reste des compétiteurs. Je suis à peu près certain que la première chose qu’a regardé Axel en venant à Samoëns, c’est le temps du record du monde (11’55’’40). Après, c’est vrai qu’avec Marion (Joffle), on est un peu les petits jeunes qui débarquent et qui claquent des chronos que les « anciens » de l’Ice swimming n’avaient pas l’habitude de voir jusqu’alors…
Il est vrai qu’avec Marion vous êtes un peu les « figures de proue » de la discipline en France.
Le plus important, c’est de voir la discipline se développer et séduire de plus en plus de nageurs. Entre l’année dernière, à Vichy, et cette année, c’est le jour et la nuit. Les championnats de France de nage hivernale ont pris une nouvelle dimension.
(FFN/Vincent Plassard)
La nage hivernale est-elle devenue ton terrain d’expression privilégié ?
Ça me permet de m’exprimer davantage, mais l’eau libre reste ma priorité. Après, je me suis rendu compte que j’avais des facilités d’adaptation à l’eau froide qui me permettent, aujourd’hui, de m’épanouir dans cette discipline. La dernière fois que je suis sorti d’une course pour hypothermie, c’était lors des championnats de France de Gravelines en 2016. Depuis, ça n’est plus jamais arrivé !
Réalises-tu un entraînement spécifique pour la nage hivernale ?
Pas vraiment… Disons que je m’entraîne en piscine toute l’année. Je nage entre 30 et 50 bornes par semaine en fonction de mon activité de maître-nageur et des groupes que j’entraîne. Ça fait de grosses journées. J’arrive le matin à 6h30 à la piscine pour m’échauffer, je nage de 7h à 8h30 à Meaux, je fais ma journée de boulot jusqu’à 16-17h, puis j’entraîne jusqu’à 21h30. Après, certains soirs, je me fais couler un bain froid dans lequel j’ajoute des pains de glace et je m’y plonge entre 10 et 15 minutes. L’eau avoisine alors les 10° C.
(FFN/Vincent Plassard)
La nouvelle notoriété de la nage hivernale constitue-t-elle une source de motivation supplémentaire ?
Quand on voit la courbe de croissance que connaît la discipline, on se dit en effet qu’il y a un truc sympa à vivre. On parle aussi d’une intégration de la nage hivernale aux Jeux olympiques d’hiver, donc, oui, évidemment, c’est un projet qui peut être intéressant. Plus ça prend de l’ampleur, plus je suis motivé !
Une motivation d’autant plus grande que les championnats du monde de Bled auxquels tu viens de participer début février se sont bien passés.
Il s’agissait de ma première compétition à l’étranger. Il y avait un peu d’appréhension avant de commencer, mais tout s’est bien passé. Au total, j’ai décroché trois titres dans ma catégorie d’âge sur 200, 450 et 1 000 mètres. Au regard de tous les temps, je finis deuxième sur 200 et 1000 m et premier sur 450 m. C’est presque quelque chose d’inattendu car je n’avais absolument aucun point de comparaison par rapport à mes adversaires ou aux références internationales. Et puis, je reste un novice. Je continue de découvrir cette discipline et de voir aussi de quelle manière mon corps réagit.
Recueilli à Samoëns par Adrien Cadot