Pour Julien Issoulié, Directeur Technique National, la Fédération Française de Natation est bien plus qu’une institution sportive en charge de l’encadrement et du développement de cinq disciplines olympiques (natation course, eau libre, plongeon, natation artistique et water-polo). Elle est aussi un acteur social incontournable en prise avec des enjeux de première importance.
Julien Issoulié n’a pas sa langue dans sa poche. C’est bien le moins que l’on puisse écrire. Quand il a quelque chose à déclarer, il le dit à voix haute. Alors quand on l’a interrogé sur le centenaire de la Fédération Française de Natation, nous n’avons pas été surpris par sa réponse imagée. « La Fédération est une vieille dame. Quand elle a été fondée en 1920, l’époque était très différente. Les disciplines étaient en phase de structuration. C’est d’ailleurs dans cette démarche que les fédérations sportives ont vu le jour. Aujourd’hui, c’est une très belle institution. Nous ne sommes pas Google, Apple ou Microsoft, mais je trouve que nous parvenons néanmoins à tirer notre épingle du jeu. Alors oui, c’est une vieille dame, mais une vieille dame bien vivante. » Tirer son épingle du jeu, qu’entend-il exactement par-là ? « La fédération est en constante évolution », assène-t-il. « Mais en même temps, comme toutes les institutions, il n’est pas toujours simple de faire bouger les lignes et de changer les habitudes. Il faut bien se rendre compte que la fédération rassemble plus de 1 300 clubs et 300 000 licenciés. On n’est loin de l’association au sens conventionnel du terme. C’est une grosse machine, évidemment, mais j’insiste sur son côté vivant. »
Julien Issoulié (FFN/Adrien Rozès).
Une grosse machine dont les rouages peuvent parfois donner l’impression de tourner sur eux-mêmes. Ce reproche, Julien Issoulié, ne l’occulte pas. Loin de s’en offusquer, il le contredit : « La fédération doit constamment prendre de la hauteur pour disposer d’une vue d’ensemble. De fait, elle peut parfois donner l’impression de se tenir éloignée de certains sujets. Pourtant, ce n’est pas le cas ! Cela fait maintenant plusieurs années que j’évolue dans les arcanes de l’institution. Je suis bien placé pour dire que tous les questions sont abordées. » D’autant que les sujets ne manquent pas. « La Fédération Française de Natation se distingue par sa dimension sociale », ajoute le DTN. « Bien sûr, il y a des athlètes et des disciplines sportives, cinq au total, ce qui constitue déjà une grande spécificité, mais en plus, l’institution est bien plus engagée sur la scène nationale que la plupart des autres fédérations. Nous occupons notamment une place incontournable sur l’apprentissage de la natation et la lutte contre les noyades. Dans le cadre du plan « Aisance aquatique » lancé par le ministère des Sports en 2019, je pense que notre belle maison peut se targuer de jouer un rôle citoyen de première importance. » Pour autant, la Fédération Française de Natation n’en oublie pas sa dimension sportive avec, en ligne de mire, les Jeux de Paris en 2024. « Il faudra profiter de cet événement planétaire pour renforcer l’image de nos disciplines et en assurer le développement, mais après, il ne faut pas oublier que les Jeux restent l’apanage du Comité international olympique. A nous, malgré tout, d’en tirer des bénéfices sportifs ou humains. »
Adrien Cadot