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Il était 20h30 ce vendredi 2 août à Paris quand Florent Manaudou est entré dans une Paris La Défense Arena en fusion. Ligne d’eau numéro 1, le sprinter tricolore a d’abord salué les spectateurs présents avant d’enlever son survêtement et son casque. Ses adversaires rentrent un à un au bord du bassin. Le public ne cesse d’encourager la star locale. À cet instant précis, Florent Manaudou met un pied sur le plot de départ, se tourne vers les gradins et décide de lancer un clapping, quelques secondes seulement avant le départ de cette grande finale. Un moment unique et déjà gravé dans la légende de la natation et des Jeux olympiques. D’autant que Florent Manaudou a parfaitement assumé cette fantaisie en bouclant son 50 m en 21’’56 et en prenant la troisième place. Cette médaille de bronze est sa quatrième consécutive sur ce 50 m nage libre aux Jeux olympiques. Tout simplement historique.

A quel moment on décide de lancer un clapping juste avant le départ d’une finale olympique ? 
Pourquoi pas ? Ça se fait bien en athlétisme, pourquoi moi je ne pourrais pas le faire ? J’avais ça en tête depuis quelques jours. Léon nous a donné de l’énergie le premier jour après son titre sur 400 m 4 nages. J’ai vu le bruit que faisait les Français tout au long de la semaine, quelque soit les nageurs tricolores engagés. Dans cette piscine, on a eu des supporters de folie toute la semaine. On est dans une enceinte de rugby, il y a 15 000 spectateurs et je me suis dit que ça pouvait me donner de l’énergie de lancer ce clapping. J’ai voulu profiter de ce moment unique dans une vie. Je ne me suis pas forcé à le faire. J’en ai discuté avec Quentin (Coton, son entraîneur), avec Thomas Sammut (son préparateur mental) et ils m’ont dit de le faire si ça ne me sortait pas de ma course. James (Gibson, son entraîneur également) m’a dit de rester authentique. C’est ce que j’ai fait. Quand j’ai enlevé mon casque, j’entendais les gens crier « Florent, Florent » et c’est là que j’ai décidé de le lancer. Les gens auraient très bien pu ne pas me suivre et je serais passé pour un imbecile (rires). Mais ça a fonctionné et j’étais trop content, ça m’a permis d’être relâché.

Comment as-tu fait pour aborder cette finale avec autant de décontraction ? 
Je me suis entraîné toute la saison à essayer de visualiser ce moment-là. C’est très difficile à faire et je ne m’attendais pas à avoir autant de public avec moi. Ils ont fait beaucoup de bruit et je me suis approprié cette salle ce soir. J’ai la chance d’avoir déjà fait quelques finales olympiques. J’ai cette expérience des grands moments, j’aime les finales. J’étais ligne d’eau numéro 1, donc proche du public. Ils m’ont donné beaucoup d’énergie et je voulais juste profiter de cette finale. On s’entraîne pendant des années pour faire partie de ces finales et j’ai toujours trouvé ça dommage d’avoir peur d’y aller. J’ai été cet athlète à un moment donné dans ma carrière, mais ce soir j’avais hâte de nager et de connaître le résultat. J’étais excité de vivre ce grand moment. C’est la première fois que ça me fait ça et pouvoir le vivre dans une finale olympique, c’est la plus belle récompense. La médaille c’est bien, mais je ne sais pas ce que je ferai après et si je continuerai à nager encore longtemps. Après avoir vécu ça, je pourrais arrêter en étant tranquille parce que j’ai réussi à prendre du plaisir sur une finale olympique et à ne pas être stressé. Je suis très content de ça.

Manaudou médaille

KMSP/Stéphane Kempinaire

As-tu conscience de la place que tu as dans l’histoire du sport français avec cette nouvelle médaille ? 
C’est vrai que c’est incroyable. Je suis un homme de finale en fait. Je n’aime pas trop les demi-finales. J’aime être prêt au bon moment. Je suis trop content d’avoir décroché cette médaille dans mon pays, d’avoir reçu une telle ovation, de vivre ce podium. J’avais ma famille dans les tribunes. Mes parents ne m’avait jamais vu aux Jeux olympiques. Je suis content de ça d’abord. Pouvoir faire vivre ces émotions à mes proches, c’est le plus important. Le reste est presque anecdotique. Je fais ma quatrième médaille sur ce 50 m nage libre en quatre éditions, j’en suis très content mais je m’en rendrai peut-être davantage compte plus tard.

Quelle saveur a cette médaille par rapport aux autres ? 
Celle-ci, je pense qu’elle représente les choix forts que j’ai pu faire sur les trois dernières années. J’ai décidé de quitter Marseille pour rejoindre Antibes et faire des choix différents. J’étais un peu comme un joueur de tennis, j’ai choisi mon staff avec James (Gibson), Mathieu (Burban) également. On a peaufiné tout ça pendant trois ans et cette médaille elle est aussi pour eux parce que ce n’est pas simple de travailler avec moi tous les jours. J’ai fait des choix différents des autres sportifs. Par exemple, j’ai fait la fête de septembre à décembre, ce qui m’a permis de faire une bonne performance ce soir. J’ai envie de profiter de cette vie de sportif. Ces choix ont payé et je remercie mon entourage professionnel de m’avoir suivi dans cette idée folle d’être un peu différent.

Qu’est-ce que ça fait de ressentir ce soutien du public ? 
C’est incroyable de pouvoir vivre ça. On a des amoureux de natation à chaque championnats de France, on a eu les championnats d’Europe à Chartres en 2012, mais avoir des Jeux olympiques à la maison avec des supporters, c’est fou. Je n’attendais vraiment pas ça. J’attendais davantage de pression, d’attente de la part des gens mais ce n’est pas ça du tout. L’énergie est totalement différente. Ce n’est que de la joie et de la bonne humeur. Je suis hyper fier d’être Français. On est en train de vivre quelque chose d’incroyable et on a de la chance de pouvoir vivre ça.

Manaudou

KMSP/Stéphane Kempinaire

Tu as été porte-drapeau et tu es médaillé. Est-ce que cela rend la chose différente ? 
En tant que porte-drapeau on a une certaine responsabilité. Je ne pense pas que les Français ou les autres athlètes m’en aurait voulu de ne pas faire de médailles, mais c’est sûr qu’une médaille du porte-drapeau c’est un beau message. J’espère que je pourrais aller soutenir tous mes copains sportifs la deuxième semaine. Mais avant il me reste encore les relais quatre nages peut-être.

Qu’est-ce qui s’est passé dans ta tête lorsque tu as vu que tu étais troisième de cette course ? 
Il s’est passé beaucoup de chose, déjà pendant la course. J’étais à droite de Caeleb, comme à Tokyo. Je sais qu’il est beaucoup plus rapide que moi dans les 15 premiers mètres donc je ne me suis pas affolé. Aux 35 mètres, je le rattrape mais je commence à coincer donc je balance les bras pour essayer de toucher devant. A l’arrivée, je regarde le plot et je vois des lumières. Il y en avait plus qu’une, mais deuxième ou troisième, c’est anecdotique. Être champion olympique, c’est super mais deuxième ou troisième c’est super aussi. Je suis content, je n’avais pas encore eu de médailles de bronze. 
Recueilli à Paris La Défense Arena par Jonathan Cohen

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